Une pluie de matraques s'abat sur les manifestants dans un affrontement invraisemblable : à Paris des policiers en tenue anti-émeute, masqués et vêtus de noir, chargent et tabassent les pompiers en uniforme et non armés.
C'est une scène que peu de gens dans le monde ont vue cette semaine, surtout en France. Guérilla à Paris. Les médias ont largement ignoré les raisons des pompiers français, qui ont rejoint les manifestations nationales des gilets jaunes, désormais sur la place depuis des mois. Dans le viseur de la contestation, Emmanuel Macron et ses tentatives pour amener des changements radicaux dans la société française.
"C'est l'enfer néolibéral créé par Macron" lit dans un tweet qui montre des vidéos de la guérilla. "La police tabasse les pompiers dans les rues, tandis que toute la presse occidentale l'ignore."
Comme des bonzes, mais avec des protections
Guérilla parisienne, comment ça s'est passé - Le port de vêtements de protection (et maquillés par joker), les pompiers se sont incendiés dans les rues, se sacrifiant symboliquement mais immensément. Avez-vous vu ces images? Dans combien? Les manifestants se sont tournés vers les réseaux sociaux pour dénoncer le désintérêt général pour un mouvement qui ne cesse de croître: ce sont les manifestations les plus importantes et les plus soutenues en France depuis l'époque du fameux mai 1968.
Beaucoup ont dit (et je ne pense pas qu'ils aient tort) que si cette répression avait eu lieu au Venezuela ou en Iran, elle aurait été l’actualité numéro un dans le monde occidental. Pourtant, une recherche mercredi matin sur les pages d'accueil du New York Times, Google News et Yahoo! Les nouvelles n'avaient trouvé aucune couverture des événements de la veille.
"Les pompiers de Paris se sont immolés par le feu pour protester contre leurs conditions de travail"
Gilets jaunes, les médias silencieux sur certains épisodes graves
Rien dans les médias même lorsque le photographe professionnel Taha Guefaf il a été transporté d'urgence à l'hôpital après que la police lui ait lancé une grenade. Gueffaf a partagé une radiographie de ses blessures sur Twitter, demandant au ministre de l'Intérieur Christophe Castaner pourquoi il y avait des fragments de grenade métallique dans sa jambe.
Aucune réaction, même de la part des défenseurs des droits humains tels que le Comité pour la protection des journalistes ou Human Rights Watch: seulement l'Iran comme sujet "tendance" sur leur site internet, en France tout semble ok, non ?
Une France néolibérale et répressive
Les sondages en décembre ont ramené son taux d'approbation à seulement 30 %. Pourtant, "renforcé" par ce consensus au plus bas historique, Macron continue de dire que la France ne peut pas être réformée mais doit être "transformée". Sa politique de style tachériste vise à transformer le pays social-démocrate en néolibéral.
Gilets jaunes, l'histoire d'une émeute
Le déclencheur des manifestations des gilets jaunes a été le projet du gouvernement de modifier radicalement le régime de retraite français, considéré par beaucoup comme un joyau de l'État-providence. Macron a l'intention d'unifier les 42 programmes de retraite de la France en un seul programme unifié, qu'il prétend être plus équitable et transparent.
La "norme nationale" ferait passer l'âge de la retraite de 62 à 67 ans, ce qui provoque un mécontentement dans toutes les catégories.
La résistance populaire dure depuis le début de son mandat.
Des manifestations à travers le pays, à tous les niveaux
La série actuelle de grèves a commencé début décembre, dirigée par les syndicats des transports qui ont paralysé une grande partie du pays. Le métro historique de Paris a été gravement endommagé, tout comme les trains régionaux.
Aussi de nombreux ports français, dont Calais, Dunkerque, Marseille et Le Havre, ont été bloqués par les dockers.
AvocatsCraignant que leur régime de retraite ne leur soit enlevé, ils se sont mis en grève dans tout le pays, jetant leur robe de manière théâtrale dans un geste symbolique de défi.
Les danseurs de ballet ils ont donné un spectacle gratuit sur les marches du célèbre Opéra Palais Garnier à Paris. Employés du Louvre ils ont fermé le célèbre musée en disant aux visiteurs que "la Joconde est en grève" et en affirmant que le plan de Macron allait "baisser les pensions de tout le monde".
Les mêmes pompiers français ils protestent contre les modifications proposées de l'âge de la retraite et la détérioration des conditions. "Nous sommes le dernier maillon de la chaîne des urgences en France et nous sommes débordés par les appels"Dit Frédéric Perrin, chef du syndicat des pompiers. "Nous avons besoin de personnel et de ressources, et d'être rassurés sur le fait que nous pouvons nous concentrer sur les interventions d'urgence et ne pas servir de complément aux services de santé absents."
Pendant les manifestations, les pompiers ont défilé en uniforme avec d'autres groupes en grève, agissant comme un bouclier humain dans la conviction que la police n'attaquerait pas leurs premiers intervenants, avec lesquels ils travaillent en étroite collaboration chaque jour. Les images d'hier démontrent que cette croyance était tragiquement fausse. Et c'est une fracture forte, peut-être une autre façon de "diviser pour régner".