Il conflit en Ukraine elle a ébranlé la communauté internationale et suscité la réaction de la plupart des États avec des déclarations très fortes en faveur de l'Ukraine ou de la Russie, selon les camps qui se cristallisent de plus en plus sur la scène internationale.
De toutes, cependant, la position de la Chine est certainement la plus débattue. Les médias et les pays occidentaux lui reprochent une ambivalence et un manque de clarté dans la (non) condamnation de la Russie. Mais comment ça va vraiment ? Et pourquoi Pékin adopte-t-il une position aussi ambiguë, sans se ranger ouvertement d'un côté ou de l'autre ? Un mot contient la réponse : Wu Wei. Je vais y arriver sous peu.
Certes à la base il y a des raisons concrètes à des visées géopolitiques et géo-économiques : les objectifs à long terme de Pékin et ceux de Moscou sont certes contradictoires, cependant Moscou peut fournir des matières premières utiles au géant chinois de plus en plus vorace de ce point de vue ; cependant, la Chine a également de grands intérêts économiques et stratégiques en Ukraine. Mais au-delà, pour bien comprendre la posture de Pékin, il faut toujours étudier ses aspects culturels qui, comme toujours, ne sont pas secondaires, surtout dans un pays à l'histoire aussi lourde.
Pas d'opposition, mais une influence réciproque
Le premier point à préciser est que dans les cultures d'Asie de l'Est d'origine confucéenne (Chine, Corée, Vietnam, Japon) les doctrines ne s'opposent pas mais coexistent et s'influencent mutuellement. En Chine, il y a trois doctrines dominantes :
- Il Confucianisme qui enseigne le comportement des individus dans le but ultime d'atteindre l'harmonie sociale;
- Il Taoïsme qui enseigne le rôle fondamental de la nature dans la formation de la vie et de l'univers ;
- Il bouddhisme qui sert à éliminer les désirs terrestres dans le but phonal d'atteindre la paix intérieure.
En un mot, on pourrait dire que : le confucianisme est pour le pays, le taoïsme pour le corps et le bouddhisme pour l'âme.
Or, abstraction faite du bouddhisme qui relève plus de la sphère individuelle que de la sphère collective, sociale et donc politique, il semblerait à nos yeux occidentaux que les deux doctrines du confucianisme et du taoïsme s'opposent, la première enseignant l'action .d'une manière active dans la société et dans le second, « laisser faire la Nature ». Au lieu de cela, tout comme l'image du Yin et du Yang (également un symbole taoïste) que nous connaissons tous l'enseigne : les deux aspects, apparemment opposés, coexistent et s'influencent mutuellement.
Wu Wei : « Ne bouge pas » ? Loin de là
Pour le taoïsme, le mouvement est "naturel", donc il n'est pas produit par une force extérieure. Ainsi, les actions du sage jaillissent de sa sagesse intuitive, de son « écoulement dans le courant du Tao ». Dans la philosophie taoïste, une telle façon d'agir s'appelle wu sait, un terme souvent simplifié avec la traduction « non-action », mais qui veut en fait exprimer davantage un « s'abstenir d'activités contraires à la nature », comme nous l'enseigne le sinologue Joseph Needham.
En Occident, ce concept est souvent confondu avec l'inaction complète, mais wu wei ne signifie pas ne rien faire et se taire. C'est plutôt "laisser tout faire ce qu'il fait naturellement, afin que sa nature soit satisfaite". Bref, le wu wei nous enseigne qu'il peut y avoir action par non-action et c'est parce que c'est la nature qui suit son cours pour accomplir sa "volonté".
Tout cela, dans la sphère politique, se traduit par un État « inactif » et attentiste, par opposition à l'État fils des grands bureaucrates confucéens qui est fondamentalement interventionniste.
Alors, comment ces deux âmes se sont-elles réconciliées ?
Simple : c'est al Gouvernement chinois choisir quand être l'un ou l'autre, sans jamais opposer les deux doctrines. C'est peut-être la principale différence avec les États occidentaux. Si nous comprenons la matrice culturelle, philosophique et historique dont dérivent certains choix politiques, peut-être pourrons-nous mieux comprendre les positions (ou non-positions) que prend la Chine.