L'attente est la partie la plus difficile. Quiconque a déjà dû attendre les résultats d’un examen médical important, et encore plus d’une tumeur au cerveau, le sait bien. Deux mois d’agonie, de questions sans réponses, de thérapies reportées. Mais que se passerait-il si on vous disait que bientôt cette attente ne durerait plus que deux heures ? Ce n’est pas une promesse en l’air : c’est ce qui se passe dans les hôpitaux à travers l’Angleterre, où ils ont commencé à utiliser un nouveau test ADN pour diagnostiquer les tumeurs cérébrales en temps réel. La technologie existe, elle fonctionne et a déjà changé la vie d’une cinquantaine de patients. La question est maintenant : quand est-ce que cela nous arrivera aussi ?
Comment fonctionne le nouveau test ADN
Le secret s'appelle séquençage par nanopores et cela fonctionne de manière étonnamment élégante. Imaginez un appareil de la taille d’une boîte à lunch capable de « lire » l’ADN tumoral en faisant passer des brins génétiques à travers des trous microscopiques. Lorsque le matériel génétique traverse ces nanopores, l’appareil détecte les changements de courant électrique et les traduit en séquences d’ADN. C'est comme si la tumeur elle-même racontait son histoire génétique en temps réel.
Professeur Matthieu Loose, qui dirige l'équipe de l'Université de Nottingham, explique que leur méthode peut éliminer quatre ou cinq tests distincts, réduisant considérablement les coûts. Le logiciel développé par les chercheurs compare l’ADN lu à une bibliothèque de tumeurs cérébrales connues, identifiant souvent le type spécifique en moins d’une heure.

Test ADN en salle d'opération
La véritable révolution est que ce test ADN peut être réalisé alors que le patient est encore au bloc opératoire. Le système, appelé ROBIN, utilise des appareils portables d'Oxford Nanopore Technologies et permet aux chirurgiens de disposer d'informations diagnostiques cruciales avant même la fin de l'opération.
Stuart-Smith, neurochirurgien affilié à l'université, souligne comment cette rapidité peut influencer de manière décisive les choix chirurgicaux. Les chirurgiens peuvent décider au cours de l’opération s’ils doivent adopter une approche plus agressive. ou si la chirurgie offre réellement des avantages au patient.
Des résultats qui parlent d'eux-mêmes
Au cours d’essais cliniques portant sur cinquante opérations, le nouveau test ADN a atteint une précision de 100 %. Dans 76 % des cas, des échantillons frais ont été identifiés avec certitude dans la première heure suivant le séquençage. Cela signifie que dans de nombreuses situations, les chirurgiens disposaient déjà des résultats génétiques deux heures après avoir retiré la tumeur.
Le coût de chaque test est d’environ 400 £, similaire aux méthodes actuelles, mais avec l’avantage de fournir plus d’informations dans un seul test. Comme nous l’avons souligné dans articles précédents sur les progrès du diagnostic, la rapidité du diagnostic devient un facteur de plus en plus crucial dans la lutte contre le cancer.
Tests ADN et nouvelles perspectives thérapeutiques
La rapidité des tests ADN ouvre des scénarios thérapeutiques totalement nouveaux. Si le type de tumeur est identifié rapidement et qu’il existe des médicaments spécifiques pouvant être appliqués directement pendant la chirurgie, des traitements ciblés pourraient être testés en temps réel. En outre, Les patients pourraient accéder plus rapidement aux essais cliniques pertinents, accélérant l’accès aux thérapies innovantes.
L’équipe de Nottingham travaille à étendre cette technologie à d’autres NHS Trusts à travers le Royaume-Uni. Simon Paine, un neuropathologiste consultant, qualifie la méthode de « percée absolue » qui augmente non seulement la vitesse mais aussi la précision du diagnostic.
L’attente de deux mois pour un diagnostic de tumeur cérébrale pourrait bientôt appartenir au passé. Et ce n’est pas seulement un progrès technologique : c’est un espoir concret pour des milliers de patients qui n’auront plus à vivre dans l’incertitude pendant des semaines, sachant enfin que la médecine peut être aussi rapide que leurs peurs.
L'étude a été publiée dans la revue Neuro-oncologie .