Combien de fois avez-vous évité les examens médicaux par peur des aiguilles ? Votre phobie pourrait bientôt disparaître. Une équipe de l'Université de Chicago a mis au point un appareil qui diagnostique les maladies simplement en analysant votre haleine. Il s'agit d'un appareil appelé CAPABLE Il fonctionne comme un éthylotest pour la santé : il suffit de souffler dans un tube et, en 15 minutes, on obtient des résultats aussi précis qu’une analyse de sang. Ce test respiratoire détecte le glucose, les bactéries, les virus et les biomarqueurs dans l’air que nous expirons chaque jour. Son format compact, son coût abordable et son caractère non invasif vont révolutionner à jamais la façon d’établir des diagnostics.
Un concentrateur de signaux invisibles
Bozhi Tian et son équipe ont résolu le problème le plus épineux du diagnostic respiratoire : les biomarqueurs présents dans l'air sont incroyablement dilués. On parle de concentrations d'une partie par billion, quasiment impossibles à détecter avec les technologies traditionnelles.
ABLE surmonte cet obstacle condensation de l'air expiré en gouttelettes de liquide concentrées. L'appareil aspire l'air grâce à une pompe, ajoute de la vapeur d'eau grâce à un humidificateur et refroidit le mélange pour provoquer la condensation. Les molécules d'air sont ensuite transformées en échantillons liquides pouvant être analysés. bandelettes de test standard.
Le système mesure 10 x 20 centimètres et coûte moins de 200 euros. En dix minutes, il recueille environ un millilitre de condensat, ce qui permet de multiples analyses. La surface interne est dotée de picots de silicium microscopiques qui facilitent la condensation moléculaire, tandis qu'un logiciel avancé gère l'ensemble du processus de collecte et de concentration.
Du glucose aux virus : applications pratiques des tests respiratoires
Les chercheurs ont testé ABLE sur plusieurs fronts. L'expérience la plus significative a porté sur détection du glucose dans l'haleine humaine, confirmant des corrélations précises avec la glycémie. Cela ouvre des perspectives intéressantes pour les diabétiques. qui pourrait surveiller la glycémie sans piqûres quotidiennes.
Mais ABLE va au-delà du diabète. L'équipe a testé le dispositif sur des souris de laboratoire « humanisées » avec des microbes provenant de bébés prématurés et nés à terme. Les tests respiratoires ont détecté différentes concentrations de glycosphingolipides, des molécules qui régulent l'inflammation. Les souris « prématurées » présentaient des concentrations plus élevées, suggérant des applications potentielles en surveillance néonatale non invasive.
De la recherche aux services hospitaliers
L'inspiration pour ABLE est venue lors d'une visite à Tian à l'unité de soins intensifs néonatals de l'hôpital pour enfants de Chicago. Erika Claud, chef du service de néonatalogie, souhaitait des méthodes d'analyse qui ne stressent pas les petits patients.
« Les bébés prématurés comptent parmi les patients les plus vulnérables que nous traitons en médecine », explique Claud. « L'enjeu de cette technologie est de pouvoir suivre de nouveaux biomarqueurs identifiés afin d'optimiser les soins. »
L'appareil a démontré sa capacité à détecter les allergènes de pollen en suspension dans l'air et même les bactéries E. coli l'air aérosolisé, comme celui que l'on trouve près des toilettes après avoir tiré la chasse d'eau. Ces fonctionnalités pourraient transformer ABLE en un outil de surveillance de la qualité de l'air ambiant, et non plus en un simple outil de diagnostic personnel.

Les défis qui restent à relever dans le test d'haleine
Malgré des résultats prometteurs, l’équipe de Chicago admet des limites importantes. La cartographie complète des composés organiques volatils Les corrélations entre les composés respiratoires et des maladies spécifiques nécessitent encore des années de recherche. Il existe des bases de données recensant 327 composés respiratoires différents potentiellement liés à des maladies, mais les corrélations nécessitent une validation clinique approfondie.
Les chercheurs collaborent avec des médecins spécialisés dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin afin d'identifier les biomarqueurs respiratoires de l'inflammation. Parallèlement, ils travaillent à la miniaturisation du dispositif pour le rendre portable et à sa commercialisation via des partenariats industriels.
ABLE est une étape concrète vers la médecine non invasive. Comme je l'ai souligné dans cet article sur les innovations médicalesLes appareils portables démocratisent l'accès au diagnostic. Les tests respiratoires pourraient bientôt transformer les cliniques, les hôpitaux et les domiciles en centres de surveillance continue de la santé, éliminant ainsi les obstacles et les angoisses associés aux méthodes traditionnelles.