Le 10 octobre 2024, un sous-marin robotisé a quitté Martha's Vineyard pour faire le tour du monde. Sans équipage, sans moteur au sens traditionnel du terme, il se déplace tel un planeur sous-marin, porté par la gravité et les courants marins. Il s'appelle mauvis Et sa mission est simple à dire, impossible à accomplir : faire le tour du monde en collectant des données océanographiques pendant cinq ans d’affilée. Sans interruption. Beh, quasi. Il ne fera escale que pour des raisons de maintenance dans quelques endroits stratégiques : Grande Canarie, Le Cap, l'Australie-Occidentale, la Nouvelle-Zélande, les Malouines et peut-être le Brésil. Puis retour à Cape Cod. Soixante-treize mille kilomètres sous l'eau. C'est la première fois qu'un véhicule sous-marin autonome tente un tel exploit. C'est comme envoyer un drone faire le tour de la planète. Sauf qu'ici, pas de GPS, pas de routes faciles, et l'océan est impitoyable.
Un planeur qui se déplace sans moteur
mauvis est l'un Planeur Slocum Sentinel nouvelle génération, développée par Teledyne Marine en collaboration avec le Rutgers University. La Mission Sentinelle, comme l'entreprise a été nommée, bénéficie du soutien de la NOAA, Dell 'Décennie des Nations Unies pour l'océan et Société de technologie marineLe nom Redwing est un acronyme : Recherche et éducation Planeur international Doug Webb, hommage à Doug Webb, pionnier des planeurs sous-marins autonomes, est décédé en 2024 à l'âge de 94 ans.
Comment ça marche ? Un détail avant tout : pas d’hélices. Redwing régule sa flottabilité grâce à un propulseur hydraulique de quatre litres, le plus grand jamais installé sur un planeur. Lorsqu'il veut descendre, il comprime l'huile interne et devient plus dense que l'eau. Lorsqu'il veut remonter, il se dilate et devient plus léger. Résultat ? Il plonge jusqu'à 1 000 mètres de profondeur (soit la hauteur de trois tours Eiffel superposées), puis remonte en planant sur des ailes fixes. Les spécifications techniques On parle d'une vitesse de croisière de 0.75 nœud, avec la possibilité d'accélérer jusqu'à 3.5 nœuds grâce à deux propulseurs auxiliaires montés à l'arrière.

La route de Magellan, mais à mille mètres de profondeur
L'itinéraire choisi pour le Mission Sentinelle Il suit la première circumnavigation de l'histoire : celle de Ferdinand Magellan, achevée entre 1519 et 1522. Seul le Redwing la parcourra sous l'eau. Départ de Woods Hole, dans le Massachusetts. Première escale : Gran Canaria, au large de la côte nord-ouest de l'Afrique. Puis, Le Cap en Afrique du Sud, l'Australie-Occidentale, la Nouvelle-Zélande, les îles Malouines dans l'Atlantique Sud, un possible passage par le Brésil, et retour à Cape Cod. Soixante-treize mille kilomètres en environ cinq ans.
Toutes les 8 à 12 heures, le planeur fait surface. Il transmet les données collectées au NOAA et reçoit de nouvelles instructions de navigation. Des capteurs embarqués enregistrent la température de l'eau, la salinité, les courants et les paramètres généraux de santé de l'océan. L'information est partagée En temps réel, des échanges sont menés avec des scientifiques, des océanographes, des météorologues, des universités et des écoles du monde entier. L'objectif est de mieux comprendre l'influence des océans sur les systèmes météorologiques mondiaux.
Les océans couvrent 70 % de la surface terrestre et influencent le climat de la planète. Pourtant, de vastes régions restent sous-surveillées. Comme je vous l'ai dit dans cet article sur les méduses cyborgsL'exploration sous-marine connaît une innovation radicale. Des instruments comme le Redwing permettent une collecte continue de données dans le temps et à des échelles géographiques impossibles avec les navires de recherche traditionnels.
Les étudiants à la barre virtuelle
La mission comporte également une forte composante éducative. Plus de 50 étudiants de Rutgers University, A la Centre pour le leadership océanique (COOL) a contribué au développement du logiciel de navigation qui guide Redwing à travers les océans. Leur mission ? Planifier l'itinéraire optimal en tenant compte des courants océaniques, des points de recharge, des frontières géopolitiques et des conditions météorologiques. Il s'agit d'un exercice de résolution de problèmes appliqué à l'échelle planétaire.
La mission comprend également une plateforme d'observation en ligne en direct, des campagnes de sensibilisation et du contenu éducatif pour mobiliser les étudiants et le grand public. L'idée est de transformer Redwing en une salle de classe flottante (ou plutôt planante) pour enseigner l'océanographie, la physique, l'ingénierie et la climatologie pendant que le planeur sillonne les mers.
Autonomie extrême
Le planeur Slocum Sentinel est conçu pour des missions de plus de deux ans sans intervention humaine. Ses batteries au lithium primaire peuvent alimenter jusqu'à huit capteurs simultanément. Ses dimensions ont été optimisées : 33 cm de diamètre et plus de 240 cm de longueur. Il peut emporter 3,5 fois plus de batteries que les planeurs standard de la série G3. Selon Teledyne Marine, le Sentinel est le planeur le plus rapide du monde grâce à son moteur de flottabilité surdimensionné et à ses propulseurs en option.
L'architecture de contrôle est identique à celle des planeurs Slocum standard : pilotage à distance, commandes de vol, communications par satellite. Mais tout a été dimensionné pour résister aux conditions extrêmes : forts courants, variations drastiques de densité de l'eau, températures glaciales. Le système doit fonctionner dans tous les cas de figure.
Fait amusant : c'était de la science-fiction en 1989
La mission Sentinelle accomplit une prophétie. En 1989, le magazine Magazine Océanographie a publié une œuvre de science-fiction imaginant une course internationale de planeurs sous-marins autonomes pour faire le tour du monde. Le concept original a été imaginé par Doug Webb, le pionnier à qui Redwing est dédié. Il a fallu 35 ans, mais la technologie a rattrapé cette vision.
Si tout se passe comme prévu, Redwing reviendra à Cape Cod dans environ cinq ans avec un ensemble de données sans précédent sur la santé des océans. Si quelque chose se passe mal, eh bien, nous aurons quand même appris quelque chose sur ce qu'il faut pour maintenir une machine seule dans les profondeurs pendant des années. Dans les deux cas, Mission Sentinelle marque un tournant dans l’exploration sous-marine autonome.
Combien de machines supplémentaires suivront son chemin dans les décennies à venir ?