Une équipe de scientifiques du monde entier a collaboré pour franchir une étape historique : la création de souches de levure contenant plus de 50 % d’ADN synthétique. Ce succès, qui représente l'aboutissement de 15 années de recherche, marque non seulement un tournant dans la biologie synthétique mais offre également de nouvelles perspectives sur le potentiel de la génétique dans des domaines comme la médecine, l'agriculture ou la bioénergie.
Génome synthétique : un défi à long terme.
Comme mentionné, le projet Projet de levure synthétique (Sc2.0) a commencé il y a plusieurs années avec un objectif ambitieux : créer une version entièrement synthétique du génome de la levure. Les levures, êtres vivants eucaryotes, sont des organismes plus complexes que les bactéries, qui jusqu'alors étaient les seuls sujets de telles expériences de synthèse. génétique.
Dans cette recherche, six des seize chromosomes de levure ont été entièrement synthétisés. Une étape importante qui démontre la capacité des scientifiques à repenser la vie elle-même.
La recherche, qui fait date par ses implications, a été détaillée dans 10 articles différents dans des revues scientifiques. Cellule, Cellule moléculaire e Génomique cellulaire.
Au-delà de la synthèse des levures : stabilisation et innovation
L’un des aspects clés de ce projet était l’élimination de grandes sections d’ADN répétitif. Sections qui ne codent pas pour des fonctions spécifiques mais peuvent provoquer des variations structurelles importantes. Cette manœuvre a non seulement augmenté la stabilité du génome, mais a également donné aux scientifiques un plus grand contrôle sur la structure génétique.
Parallèlement, la création d’un nouveau chromosome entièrement dédié aux séquences d’ADN codant pour l’ARN de transfert (ARNt) représente une nouvelle étape vers un génome plus stable et contrôlable.
Repousser les limites de la biologie
L’équipe de recherche a expérimenté des changements structurels radicaux, tels que la fusion des chromosomes, l’inversion de leurs « bras » et le repliement incorrect des chromosomes. Étonnamment, la levure a démontré une capacité remarquable à s’adapter, à survivre et à prospérer malgré ces changements extrêmes.
Une découverte qui a des implications importantes pour notre compréhension de la plasticité et de la résilience du génome eucaryote.
Levure « 2.0 » : vers un ADN 100% synthétique
La prochaine étape du projet Sc2.0 est encore plus ambitieuse : assembler une souche de levure avec un génome entièrement synthétique. Grâce à une technique innovante, les chercheurs ont déjà créé une souche avec 7,5 chromosomes synthétiques, dépassant 50% du génome. Les deux derniers chromosomes étant déjà synthétisés, on prévoit que la levure aura un génome entièrement artificiel d’ici un an.
Outre l’importance scientifique, les implications pratiques d’une levure dotée d’un génome entièrement synthétique sont énormes. La levure est déjà utilisée dans un large éventail d’applications, depuis la production d’aliments et de médicaments jusqu’aux biocarburants et autres molécules utiles. Avec un génome entièrement modifié, la levure pourrait être encore optimisée pour ces applications ou même programmée pour relever de nouveaux défis, de la médecine régénérative à la bioénergie durable.
La création de levures synthétiques nous propulse dans une toute nouvelle phase de la biotechnologie, où les possibilités semblent n'être limitées que par notre imagination.