Lorsqu’il s’agit de lutter contre la pauvreté, une question persiste : vaut-il mieux apporter une aide financière sous forme de petites mensualités ou sous forme d’une somme unique ? Une réponse concrète émerge désormais de la plus grande expérience de revenu de base universel au monde au Kenya, menée par Donner directement. Lancée en 2016, l’étude a comparé l’effet de paiements mensuels de 20 $ à celui d’une somme forfaitaire de 500 $. Sous la direction des économistes du MIT, Tavneet Suri e Abhijit Banerjee, les résultats préliminaires révèlent des informations essentielles sur le pouvoir transformateur de l’aide financière directe.
Impact économique et social du revenu de base
Les résultats de l'étude indiquent que le groupe qui a reçu le paiement unique de 500 $ a montré des améliorations significatives en termes de revenus, de démarrage d'entreprise et de dépenses d'éducation par rapport au groupe qui a reçu 20 $ par mois. Cette somme initiale a fourni le capital nécessaire pour démarrer des entreprises et des projets agricoles, apportant ainsi une impulsion économique immédiate et tangible. En revanche, le groupe ayant des mensualités aurait dû épargner plus consciencieusement pour accumuler une somme similaire.
Expérience de revenu de base : la dynamique de la stabilité à long terme
Comment cette inertie peut-elle changer ? Comment les bénéficiaires à long terme du revenu de base (ceux qui recevront environ 20 dollars par mois pendant 12 ans dans le cadre de l’expérience) peuvent-ils afficher des résultats similaires à ceux du groupe recevant une somme forfaitaire ? C'est une tâche pour eux les associations d'épargne et de crédit renouvelable (ROSCA), qui transforment de petites sommes en capital plus important, utilisable pour les investissements. La capacité de ces communautés à utiliser efficacement le revenu de base pour générer des investissements significatifs est un élément clé émergeant de l'expérience, le plus grand jamais réalisé.
Observations sur le terrain
Dans l'un des villages bénéficiaires, en 2016, les habitants ont constitué des ROSCA et ont prévu des investissements importants. Edwine Odongo Anyango, Père de deux enfants et touche-à-tout, il a créé une ROSCA avec 10 amis. Sa préférence pour une somme forfaitaire reflète un sentiment commun parmi les bénéficiaires : la possibilité d’entreprendre de « grands projets » en même temps. Étonnamment, le groupe bénéficiant d’un revenu de base à long terme a enregistré la plus faible augmentation de sa consommation quotidienne, comme la nourriture et les vêtements. Au lieu de dépenser davantage chaque mois, ils ont choisi d’investir les fonds. Cela démontre une mentalité orientée vers l’investissement plutôt que vers la consommation immédiate.
Résultats de l'expérimentation : des bénéfices au-delà de l'aspect financier
Malgré les avantages financiers du paiement unique, le groupe des paiements mensuels a fait état d'un plus grand bonheur et d'une meilleure santé mentale. Cela suggère que la sécurité d’un revenu mensuel stable offre des avantages psychologiques, atténuant le stress associé à la gestion d’un capital de démarrage important.
Cette expérience souligne non seulement l’importance de la flexibilité dans les programmes d’aide financière, mais soulève également des questions sur l’approche optimale pour soutenir à long terme les communautés en difficulté. L’idéal serait d’offrir aux bénéficiaires le choix entre des mensualités et des sommes forfaitaires, leur permettant de décider de la méthode la plus adaptée à leurs besoins et à leurs projets. En fin de compte, l'expérience du Kenya en matière de revenu de base offre de précieux enseignements sur la réduction de la pauvreté et l'autonomisation économique, démontrant que la meilleure approche peut être celle qui offre un maximum de flexibilité et de choix aux individus.